Les gourous 2.0 sont dans le viseur des députés ce mardi 13 février. Alors que les signalements ont doublé entre 2015 et 2021, une proposition de loi doit être examinée pour renforcer la lutte contre les dérives sectaires, notamment sur internet, devenu un point d’entrée simplifié vers les sectes.
Pas moins de 4020 signalements en 2021. Depuis 2015, les signalements pour dérives sectaires explosent. En cinq ans, elles ont augmenté de 86% selon la Miviludes, avec un pic au moment de la pandémie de Covid. “La pandémie a nettement déstabilisé beaucoup de personnes. Il me semble que les groupes sectaires qui existaient déjà ont bénéficié de l’apport des membres qui sont tombés dans le complotisme”, commente Marie Drihlon, vice-présidente de l'Unadfi, association qui lutte contre les dérives sectaires.
Au-delà du contexte anxiogène, le porte-voix qu’incarne Internet a facilité l’accès aux gourous et aux groupes sectaires. “Avec le développement d’Internet, les gourous viennent chez vous”, constate Marie Drihlon, qui s’inquiète de cette hausse des signalements. Elle invite d’ailleurs chacun à être vigilants aux “indices” de l’emprise sectaire comme un discours complotiste ou antisystème, une rupture sociale et avec la société.
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L’autre conséquence de la pandémie et de la défiance envers le monde médical et les vaccins, c’est la multiplication des cas de dérives sectaires en lien avec la santé, le soin et le bien-être psychologique. “Nos sociétés ont été pénétrées par une injonction au bien-être”, estime Marie Drihlon. “Résultat, cela a permis le développement d’un vrai business avec une pratique souvent infondée et parfois dangereuse”, ajoute-t-elle. Cela se constate avec l'apparition de coachs en tous genres, notamment de pasteurs évangéliques qui s’autoproclament coachs de vie et ne se cantonnent plus uniquement à faire de l’accompagnement spirituel et religieux.
Pour prévenir ces dérives et condamner les gourous, la loi examinée à l’Assemblée prévoit de créer un délit de provocation à l’abandon de soins. Il serait puni de trois ans de prison et de 45.000 euros d’amende, si elle est suivie d’effets sur la santé. Un article intéressant et essentiel selon la vice-présidente de l’Unadfi, pour qui “le risque n’est pas de prendre des pilules ou des tisanes, mais plutôt de perdre des chances de guérison avec l’arrêt des soins”.
La montée en flèche des signalements pour dérives sectaires, amplifiée par l’impact d’Internet et de la pandémie, soulève des préoccupations sérieuses quant à la sécurité et à la santé publique. Avec l’émergence de nouveaux gourous en ligne et de pratiques sectaires exploitant les vulnérabilités des individus, il est crucial que les mesures législatives comme celle examinée à l’Assemblée visent à protéger les citoyens contre ces abus. Reste à voir comment cette proposition de loi sera débattue et mise en œuvre pour contrer efficacement ces dérives dans le paysage numérique en constante évolution.